Les bonnes pratiques de la gestion de stock à l'heure du Covid
L'évolution des scénarios de gestion de stock
Le secteur logistique a toujours été en constante évolution, sur l'ensemble de la supply chain d'amont en aval jusqu'au dernier kilomètre. Malgré les grandes incertitudes liées notamment à la crise sanitaire que la planète entière a subi depuis 2020, on peut parier sur les futures grandes transformations selon deux scénarios. D'une part en prenant l'hypothèse que la mondialisation se poursuivra à un rythme modéré mais régulier. Ou au contraire estimer qu'un infléchissement aura lieu, dû à la remise en cause du système de libre-échange et/ou à une aggravation de la crise climatique et environnementale. Dans les deux cas, la filière logistique s'adaptera et se restructurera toujours en fonction. Avant d'aborder la gestion de stock en tant que telle, passons en revue d'abord les grandes tendances du marché qui se profilent.
Si l'on parie sur une poursuite de l'augmentation des échanges mondiaux, ce qui est l'hypothèse préférée des analystes contemporains, l'augmentation des coûts de transport pour des raisons environnementales se ressentira dès le court terme.
L'adaptation de la gestion des stocks à la demande réelle des clients
A l'autre bout de la supply chain, on assiste également à des changements spectaculaires, notamment dans le secteur de la livraison finale qui a connu plusieurs (r)évolutions, de la distribution en flux tendus jusqu'à la livraison instantanée. L'optimisation de la livraison finale est une tendance lourde depuis ces deux dernières décennies, principalement due aux différents modes de production et de consommation. Le transport représente environ 20% du prix d'une marchandise, et le dernier kilomètre de livraison presque 28% du prix du transport, ce qui démontre bien les enjeux en cours.
Ainsi voit-on fleurir des quais de livraisons aménagés pour le crossdocking (c'est-à-dire sans temps d'entreposage), des efforts de rationalisation de la logistique régionale des grandes agglomérations, la multiplication des points relais dans toutes les zones urbaines, péri-urbaines et même rurales, etc. Ces systèmes logistiques vont connaître des transformations profondes sous le double effet de la numérisation et des enjeux environnementaux.
La fluidité dans la circulation des stocks
N'oublions pas qu'une mauvaise gestion des stocks fait encourir des risques importants à l'entreprise, et peut même aller jusqu'à compromettre son avenir. Ainsi un sous-stockage peut avoir comme résultat un arrêt de la production, ou d'articles non-disponibles, très préjudiciable pour fidéliser les consommateurs. A contrario un surstockage entraîne des coûts importants d'entreposage et de logistique, et peut entraîner des risques d'obsolescence des produits, à fortiori s'ils sont périssables. Ainsi une gestion des stocks optimale est un garant de bonne santé structurelle de l'entreprise.
On assiste désormais à un développement de la distribution en flux tendus ou ce qu'on appelle aussi le « zéro stock » , qui prend peu à peu la place du stockage en magasin, multipliant les mouvements de livraison. Avec l'augmentation exponentielle du e-commerce, on voit en parallèle une dispersion des flux de transport effectués via de petits véhicules. La concurrence acharnée pour des délais de livraison toujours plus rapides (en 24 heures, en 2 heures) exigés par les clients finaux, déterminent désormais les choix d'achat et la livraison instantanée est devenu le modèle à suivre. Le e-commerce poursuivra son ascension jusqu'à une généralisation du commerce connecté, même pour les circuits courts ou les circuits de proximité, qui ont été boostés par la crise sanitaire et contraintes de se mettre à la page numérique pour subsister et demeurer pérennes. Au niveau de l'entreprise, cela exige une réactivité quasi-instantanée dans sa gestion des stocks, afin de répondre efficacement à ces nouvelles demandes.
La crise sanitaire a également été le facteur décisif du succès des modèles de click and collect, soit le retrait des colis et achats dans les commerces de proximité, en particulier en France.
Par conséquent il s'agit de déterminer les méthodes pour adapter au mieux la gestion des stocks, qui a un impact direct sur la trésorerie de l'entreprise, à ces besoins fluctuants. Une mauvaise gestion se traduit instantanément par des surcoûts logistiques, et une rupture de stock fait perdre irrémédiablement des parts de marchés. Selon deux facteurs constants qui sont le temps et la quantité, 4 méthodes de gestion se distinguent : la calendaire où le gestionnaire commande une quantité fixe à une date fixe ; la méthode à point de commande où c'est un certain niveau de stock qui déclenche le réapprovisionnement ; la méthode de recomplètement à date fixe pour réapprovisionner selon les consommations ; et enfin le réapprovisionnement à la commande où tous les paramètres sont variables et pilotées selon la demande. Ainsi une bonne gestion de stocks induit une connaissance parfaite des facteurs variables, mais surtout sa capacité à s'y adapter rapidement pour une réactivité optimale.
Les enjeux et les tendances ainsi révélées peuvent se résumer au nombre de cinq :
- La croissance de l'emploi dans la logistique du dernier kilomètre avec ubérisation et optimisation des taux de remplissage des camionnettes.
- Le renouvellement de la main d'oeuvre dans le transport routier de marchandises, et bientôt une mise en circulation des poids lourds sans chauffeurs en pelotons automatisés (également appelée le Platooning) et reliés par wifi pour la réduction des coûts et le gain en matière de sécurité, sûreté et traçabilité.
- La réduction de la manutention avec la robotisation et de l'automatisation des entrepôts, déjà fortement en voie de développement dans ce secteur, ce qui implique le développement et l'exploitation de hautes technologies ;
- La croissance des emplois liés au secteur portuaire (conteneurs, etc.) avec le développement des smart ports soit "port intelligent" qui est un port automatisé utilisant la technologie telle que l'IoT (l'internet des objets ou structures connectées), des solutions blockchain (contrôle infalsifiable des données) ou encore l'intelligence artificielle au service de la performance et la compétitivité économique ;
- Enfin, la forte croissance des postes qualifiés pour la numérisation des processus logistiques.
En effet, la logistique 4.0 est une gestion de stock basée sur la connexion informatique, la numérisation de l'information et l'utilisation de services externalisés sur le cloud. Pour rappel, les logistiques 2.0 et 3.0 sont davantage tournées vers la robotisation et la standardisation des procédures, incontournables avec le développement croissant des échanges mondiaux.
En ce qui concerne la mutualisation, elle serait un atout majeur pour trouver des avantages concurrentiels. Les grandes entreprises l'ont déjà entamée, et le vaste secteur des PME promet un fort potentiel. Il s'agit de stratégies pour la mise en commun des moyens, entre prestataires de services, industriels et distributeurs. On assistera à une conteneurisation des marchandises à grande échelle, avec traçabilité exhaustive, la présence d'internet à tous les niveaux de la chaîne d'approvisionnement et une automatisation sur quasiment tous les maillons ; ce qui implique également en parallèle le développement de technologies de pointe.
Ainsi, assurer davantage de fluidité dans la circulation des stocks sans nuire aux coûts d'exploitation ni à l'environnement, est un véritable défi à relever dans les prochaines années pour tous les acteurs de la filière logistique. La crise sanitaire depuis 2020 a mis en exergue ces enjeux en matière de gestion de stocks et de logistique, peu visibles auparavant.