Les opérateurs logistiques en première ligne de la pénibilité
Depuis 2012, la pénibilité est définie dans le droit du travail français par "l'exposition à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels liés à des contraintes physiques marquées, un environnement physique agressif ou à certains rythmes de travail susceptibles de laisser des traces durables, identifiables et irréversibles sur la santé." Ainsi, 10 facteurs de pénibilités ont été définies par le décret du 30 mars 2011, et selon l'enquête SUMER de 2002-2003 la proportion de salariés subissant au moins une pénibilité physique se situerait à 56% ; dont 4% cumuleraient aux moins deux pénibilités physiques. A tel point qu'un dispositif réglementaire a été mis en place pour que l'employeur ouvre un CPP ou C2P, soit un Compte Personnel de Prévention Pénibilité pour son employé, qui permettra à ce dernier d'obtenir des points fin d'avancer son départ à la retraite, réduire son temps de travail ou se reconvertir grâce à des formations professionnalisantes.
Les opérateurs logisticiens ne font malheureusement pas défaut à ce dispositif, car leurs rythmes de travail sont physiques, soutenus et intenses. Par exemple, les "pickeurs", c'est-à-dire les préparateurs de commandes qui doivent rechercher des marchandises dans l'entrepôt selon une liste fournie, peuvent réaliser jusqu'à 15 km par jour à pied, en croisant et recroisant les allées de l'entrepôt. Malgré la norme X35-109 qui recommande une limitation à 15 kg des objets manuellement manutentionnés, les opérateurs portent parfois en cumulé jusqu'à plusieurs tonnes par jour pour honorer des commandes toujours plus importantes avec le développement exponentiel de l'e-commerce, des Drive ou des click et collect. En outre, ces tâches répétitives induisent surtout des fatigues physiques aux opérateurs qui, à terme, peuvent souffrir de divers maux permanents, ce qui se traduit par une perte sèche pour l'entreprise. Il est reconnu que les 3/4 des TMS sont dues à 4 types de maladies : la tendinite du coude et de l'épaule (lésion de la coiffe des rotateurs, bien connue chez les caissiers et caissières), le syndrome du canal carpien (courant chez les personnes qui manipulent quotidiennement la souris de l'ordinateur), et les problèmes de dos répandus universellement dans tous les métiers physiquement éprouvants. Ces préparateurs de commandes qui, à la fin de leur journée de travail, finissent courbés, épuisés et se plaignant de douleurs diverses aboutissent à un taux d'absentéisme préjudiciable pour l'activité commerciale, sans parler de la mauvaise image véhiculée concernant la gestion des ressources humaines.
Cependant, des solutions existent pour fortement réduire ces facteurs de pénibilité au niveau de la gestion d'entrepôt. Des conditions de travail s'améliorent au fil du déploiement des technologies, pour faciliter les tâches des opérateurs que nous allons détailler ci-après.